Vous l’ignorez peut-être, mais la forêt en France est en constante augmentation depuis 2 siècles. De l’époque gallo-romaine où elle représentait 80% du territoire, elle est passée par un minimum au début du 19eme siècle (16%) à près de 32% aujourd’hui soit un doublement de la surface. La Bourgogne-Franche-Comté est la 3ème région la plus boisée de France.
La commune a suivi la tendance nationale d’augmentation de la forêt depuis le début 19ème :
Cette couverture forestière comprend :
Étant ancien agent ONF de la commune, je vais vous parler plus spécifiquement de la forêt communale. Elle est répartie sur 4 territoires communaux (Charcier, Doucier, Menétrux-en-Joux et Songeson). Elle provient du regroupement des communes de Collondon, Chambly et Doucier de 1815.
En constante augmentation depuis le 1er aménagement* forestier de 1810, elle est passée de 222 à 348 ha.
La gestion en est confiée par la loi à l’ONF, représentée sur le terrain par son agent (garde forestier).
Elle est composée à 75% de feuillus et 25% de résineux et divisée en 30 parcelles.
La forêt est gérée en futaie* irrégulière et mélangée, sur chaque parcelle, on trouve des arbres de tout âge et de différentes essences. Les essences principales sont dans l’ordre d’importance : le chêne, le sapin, le hêtre (Foyard en Franc-Comtois), le tilleul et les érables.
ONF : Office National des Forêts, organisme qui gère les forêts publiques en France
Aménagement forestier : document produit par l’ONF pour la gestion de la forêt communale, réalisé tous les 20 ans.
Futaie : arbre issu de graine
Taillis : tige issue de rejet de souche
Taillis sous futaie ou TSF : mélange des 2
La forêt a 3 fonctions principales à jouer :
Le rôle économique est le plus évident. La filière forestière est très importante dans la région, et créatrice de nombreux emplois, bûcherons, exploitants forestiers, transporteurs, scierie, ameublement, construction etc…
La production de la forêt communale est évaluée lors de la révision de l’aménagement forestier. Pour Doucier, elle est fixée à 200 m3 de résineux et 480 m3 de feuillus par an. Cette production moyenne permet à l’ONF de ne prélever que la croissance de la forêt et évite ainsi un appauvrissement de celle-ci. Ces mètres cubes comportent aussi bien des grumes (bois sciés en scierie) que du bois de chauffage, ou du bois d’industrie (petits résineux exploités par des abatteuses). Les résineux récoltés servent principalement à la construction, charpente ou coffrage. Les feuilles ont une utilisation beaucoup plus variée. Ils servent à l’ameublement, soit en massif, soit en placage. Certaines grumes de chênes de Doucier sont destinées à devenir des merrains, ce sont les planches qui constituent les tonneaux.
Jusqu’à maintenant, le bois de chauffage était principalement exploité par les affouagistes. L’affouage est un mode d’exploitation particulier. Il est décidé par le conseil municipal et peut-être supprimé si le conseil le décide. Les habitants ayant droit sont inscrits sur un rôle d’affouage. Les lots d’affouage sont tirés au sort et l’affouagiste devient responsable de son lot. Toutefois, on constate partout une diminution importante du nombre d’affouagiste et il faudra peut-être trouver d’autres moyens pour exploiter ce bois.
Le rôle écologique de la forêt est multiple. La forêt participe à la protection des sols dans les pentes en évitant le ruissellement. Elle permet de réguler la circulation de l’eau. Savez-vous par exemple qu’un feuillus adulte évapore près de 200 L d’eau par jour en été. Elle a un rôle de filtration de l’air et de régulation des températures, plus fraîches en été et moins froides l’hiver.
Si vous voyez des arbres morts, ce n’est pas du bois qui se « perd ». Le bois mort sert de gîte et de couvert à de nombreuses espèces (oiseaux, insectes, champignons etc…). La forêt abrite de nombreuses espèces spécifiques.
Quant au rôle social, il suffit de voir le nombre de promeneurs, sportifs, cueilleurs de champignons et de chasseurs qui fréquentent les bois.
À propos de la chasse, elle a un rôle à jouer en régulant principalement, les populations de cervidés et de sangliers.
Une surpopulation de cervidés peut suffire à mettre en péril l’avenir d’une forêt en mangeant les jeunes arbres.